4.2.3 Les fonctions évoluent sous l’effet du changement


Qualification et compétences. Nous ne pouvons guère présumer que la transmission d’un métier continue à s’accomplir, comme autrefois, sur un mode traditionnel, c’est-à-dire entre maître et apprenti. La constance professionnelle se perd et la majorité des personnes qualifiées ne peuvent s’épanouir dans et à travers un métier pour la vie. Cette perte de stabilité se traduit par exemple par le fait qu’il devient de plus en plus difficile de définir avec précision les différentes professions. Le monde du travail se caractérise de moins en moins par l’attribution de tâches fixes, exécutées au sein de divisions clairement distinctes, par des spécialistes qui collaborent entre eux. Les produits changent, les technologies évoluent, les tâches se modifient et tout cela entraîne des changements organisationnels. La composition d’une équipe de travail ne perdure que pour une période donnée et est constamment renouvelée. Par «profession», nous entendons la qualification, généralement admise, dont disposent tous ceux appartenant à un groupe professionnel précis. Or à cette qualification professionnelle se substituent les compétences qu’un individu acquiert. La combinaison de diverses compétences engendre ainsi des profils de compétence individuels et variés. Contrairement aux qualifications, les compétences ne s’acquièrent pas progressivement, selon des étapes préétablies et ordonnées, mais c’est la personne elle-même qui détermine ce qu’elle doit et veut apprendre. C’est là le premier pas pour devenir ce que l’on appelle «l’entrepreneur de sa propre vie».

Monde professionnel. Décider si l’on veut devenir menuisier ou mécanicien est, par tradition, pour ainsi dire une question de foi. Travailler avec du bois ou avec du métal correspond à choisir fondamentalement un univers de travail qui possède ses propres habitudes, traditions et sa propre culture. Le contact physique avec le matériau implique une connaissance globale de différentes tâches et étapes, clairement circonscrites. Les professionnels sont des spécialistes, des experts dans leur domaine. Or la technologie et les modes de production modernes éloignent le professionnel de son matériau. Ce dernier est réduit à des lois mathématiques, à des propriétés physiques ou à des compositions chimiques. Lors de l’utilisation d’un programme CNC, ce sont la vitesse de rotation, la section de coupure, l’avancement de la pièce et l’usure de l’outillage qui déterminent la différence entre bois et métal. Le même programme se prête au traitement des deux matériaux, seules les machines de production diffèrent encore. Le travail qualifié s’effectue dès lors au niveau de la planification et de la programmation; le processus de production proprement dit est simplement surveillé et s’interrompt automatiquement en cas d’erreurs. De temps à autre, quelqu’un doit peut-être encore appuyer sur le bouton rouge.

Formation professionnelle. Cette dernière aussi s’adapte à l’évolution. Au regard d’un monde du travail axé sur la division des tâches, la spécialisation et une organisation hiérarchique, la formation a développé des profils professionnels, finement différenciés, en fonction des besoins du marché de l’emploi. Par exemple, ceux de mécanicien sur machines, mécanicien de précision, mécanicien, outilleur, monteur de machines, machiniste-outilleur, décolleteur, opérateur sur machines de câblerie. A la fin des années 1990, ces huit métiers spécialisés ont été regroupés sous la profession de base: polymécanicien/ne. Le principe appliqué est le suivant: une formation professionnelle initiale reposant sur une large base commune, suivie, au cours de la seconde moitié de la formation, d’une spécialisation en fonction du type de travail des apprentis. Ainsi le passage du spécialiste au généraliste s’opère-t-il déjà au cours de la formation professionnelle.

Remarques. Nous aimerions expressément attirer l’attention sur quatre éléments:

  1. Cette vision de l’évolution ne doit pas être interprétée de manière absolue. Nombre d’éléments indiquent que le monde professionnel évolue dans la direction décrite, raison pour laquelle les professionnels doivent être en mesure de s’y adapter. Cependant, personne ne peut prévoir les développements réels, de sorte qu’il faut régulièrement analyser l’état de fait concret, sur la base des informations disponibles, et en tirer des éléments de réflexion.
  2. On peut supposer que le passage du spécialiste au généraliste ne s’applique pas à l’ensemble des professionnels. Il y aura à l’avenir aussi des spécialistes qualifiés, dont le travail répond aux besoins spécifiques d’un domaine et dont les perspectives de réussite professionnelle continueront à être très bonnes. Notre hypothèse est toutefois que la majeure partie des professionnels devront orienter leur activité en fonction des exigences posées aux généralistes.
  3. Choisir l’axe temporel «passé – présent – avenir» et mettre en évidence le changement d’orientation qu’est le passage du «spécialiste» au «généraliste» correspond évidemment à une représentation très simplifiée. La réalité est forcément bien plus complexe. Mais un tel schéma peut favoriser l’approche et la compréhension des réalités du monde professionnel. La simplification engendre une plus grande clarté du propos et peut ainsi susciter la discussion.
  4. Être généraliste ne signifie pas pour autant exécuter des tâches moins exigeantes, voire un travail de moins bonne qualité que le ou la spécialiste. Ce sont les exigences et les points de vue qui changent, une évolution qui se traduit précisément par la formule: spécialiste et généraliste.







 

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